Histoire du projet

En 2020, Christian Schiaretti qui dirigea pendant 18 ans le Théâtre National Populaire, à Villeurbanne, retrouve le château de Brangues. Avec l’accord de la famille de Paul Claudel, il installe sa ” Compagnie Dramatique Dépendante ” dans l’espace de la Ferme. Le théâtre y prend racine et un nouvel horizon s’ouvre. L’espoir renait que prenne forme enfin ce Centre Paul Claudel dédié à la langue poétique et dramatique que les claudéliens appellent de leurs vœux.

Le projet de Christian Schiaretti

Paul Claudel est au siècle dernier le poète qui a proposé de la façon la plus radicale l’envahissement de l’expression poétique sur la scène. Au delà de la richesse et de la complexité de ses propositions strictement dramatiques, son théâtre procède d’un excès proprement poétique dont il s’agit toujours pour l’interprète de rendre compte. On joue Claudel autant qu’on le dit. Il existe une école du vers claudélien. La langue fait autant barrage à l’excès de réalisme qu’elle sublime l’objet de la représentation : une école du dire, un théâtre de la langue.
Par ailleurs, il y a chez lui un indéniable apport théorique à la question de la représentation. Autant par intuition chez le jeune poète que par vérification lorsqu’il devient metteur en scène que par fascination quand il est confronté par ses voyages à d’autres formes théâtrales que celles de notre continent. Il reste en cela un exemple inégalé dans le répertoire dramatique français et peut être considéré comme l’un des rares auteurs baroques français.
Aucun projet affirmant la nécessité d’un Centre Culturel de Rencontres à Brangues ne peut s’élaborer s’il ne part de l’œuvre même de Paul Claudel. Tant dans la dimension strictement poétique de la scène (un théâtre pour dire et dès lors comment) que dans la dimension universelle de l’œuvre (un théâtre de l’ici et de l’ailleurs).
Le Centre Culturel de Brangues sera un lieu posant la question de la poésie dramatique au travers de l’exégèse (lieu de documentation, de résidences, de recherches, de séminaires et dont l’une des fonctions principales serait la commande de traductions), au travers de la transmission du savoir spécifique d’actrices et d’acteurs ou encore de metteurs en scène ayant par leurs pratiques certains secrets du dire de certaines langues (lieu de travail valorisant le rapport aux jeunes générations, lieu de conservation au travers des techniques les plus modernes des savoirs fragiles, lieu de recherche de la transmission scolaire du savoir poétique appliqué à la scène), au travers de l’élaboration de formes inconnues pour des textes inouïs (lieu de travaux scéniques, lieu de commandes d’œuvres lyriques).

L’exégèse
Le Centre Culturel de Rencontre pourrait être un lieu ressource pour l’analyse nationale et internationale de la
question du poème dramatique organisée selon trois bibliothèques :
– La bibliothèque de Paul Claudel même (celle qui se trouve à Brangues : il s’agira d’en assurer l’inventaire et
l’entretien).
– Une bibliothèque à inventer (celle-là même de l’imaginaire de Paul Claudel, celle que l’on peut établir à la
lecture de son œuvre).
– Une bibliothèque internationale (actualisant le rapport exclusif du poète à la scène aussi bien au travers des
œuvres du répertoire international qu’au travers des œuvres produites aujourd’hui par des poètes de la scène).

L’action pourrait être de créer d’une part un lieu de résidence pour la recherche universitaire et dramaturgique
internationale, ponctuée par l’organisation de colloques et de séminaires et d’autre part un lieu de commandes
de traduction au gré des manques constatés dans le répertoire universel.
Une activité d’édition rendrait compte des colloques et des séminaires organisés et des traductions
commandées.
(Il faut entendre dans les commandes de traductions un aller-retour entre les poèmes dramatiques de langue
étrangère traduits en français et les poèmes dramatiques de langue française traduits en langue étrangère.)

Ainsi, par exemple dans le domaine de l’exégèse et sur la question de la poésie dramatique, claudélienne ou
autre, le Centre Culturel de Rencontre pourrait donner lieu, chaque année, à :
– deux ou trois résidences de chercheurs
– un colloque
– un séminaire
– une commande de traduction
– un à trois ouvrages édités

La transmission
Il s’agira d’organiser la conservation et la transmission d’un savoir propre au dire poétique et dramatique.
La conservation : à l’occasion de parcours de vie d’actrices ou d’acteurs, à l’occasion de spectacles pertinents
dans le domaine de l’interprétation d’un poème dramatique, il s’agira de conserver un savoir par le biais de
captations sonores ou visuelles d’actrices et d’acteurs ou de metteurs en scène.
La transmission : dans le cadre de stages de formation permanente ou de partenariats établis avec des écoles
nationales supérieures d’art dramatique françaises ou internationales, le Centre Culturel de Rencontre sera à
l’initiative de master-class concernant prioritairement la langue française dans sa tradition poétique et
dramatique mais aussi des écoles du dire de poésies dramatiques de langues étrangères.
L’école : le Centre Culturel de Rencontre ne pourra ignorer la question de l’enseignement de l’expression
poétique et dramatique dans le cadre scolaire de la transmission du savoir. Il y aura aussi à construire un lien
indispensable avec l’éducation nationale, en imaginant le Centre Culturel de Rencontre comme un lieu de
stages et de formation au profit des enseignants : un outil à disposition des écoles.
L’édition : Là aussi une activité d’édition pourrait rendre compte d’œuvres passées, d’ouvrages théoriques
autour de la prosodie.

Ainsi, par exemple dans le domaine de la transmission et sur la question de la poésie dramatique, claudélienne
ou autre, le Centre Culturel de Rencontre pourrait donner lieu, chaque année, à :
– de deux à trois captations de mémoires d’actrices, d’acteurs ou de metteurs en scène
– trois master class (un atelier par trimestre)
– trois stages de formation des maîtres
– une commande d’ouvrage sur le dire poétique

L’élaboration
L’élaboration concerne les champs d’application réels, c’est à dire incarnés, de la poésie dramatique. Deux
champs s’offrent d’évidence et seraient matière à commande et à travaux :
– celui de la mise en scène, c’est à dire de la confrontation d’un poème dramatique et d’un espace scénique, –
celui de la musique, c’est à dire l’achèvement de la parole poétique par l’interprétation lyrique. Se poser la
question du dire revenant souvent à se poser la question du chant, commande serait passée à des auteurs
d’œuvres lyriques.
Il serait indispensable que ce processus de commande s’accompagne d’un processus d’accueils de présentation
des travaux.

Ainsi, par exemple dans le domaine de l’élaboration et sur la question de la poésie dramatique, claudélienne ou
autre, le Centre Culturel de Rencontre pourrait donner lieu, chaque année, à :
– une commande de travaux scéniques
– une commande de composition d’œuvre lyrique
– un moment de présentation des travaux

Ces trois dimensions, exégétique, transmissive, élaboratrice, sont évidemment lieux de communication. Nous
œuvrerons à la recherche d’une unité entre conservation, transmission et élaboration

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